23 DECEMBRE : COMMENT REAGIR FACE AU GRAND FROID ?

Publié le par Sled Dog Montagne Noire

Comment réagir face au Grand Froid ? 3 mushers expérimentés partagent leur expérience dans le magasine Hundekjøring de février dernier (article écrit par Johanne Sundby, elle même musher et médecin). Même si ce n'est pas d'actualité car nous bénéficions à ce jour d'un mois de décembre relativement doux, cela peut toujours servir et c'est en tout cas un sujet incontournable sur un blog de mushing ! Bonne lecture et à demain !

Grand Froid
Grand Froid
Grand Froid

Grand Froid

Comment gérer le grand froid - Conseils de 3 mushers expérimentés par Johanne Sundby - Hundekjøring 2-2016

Certaines années, cela peut être une réjouissance glaciale de faire des courses en Norvège. Froid sur la rivière Tana. Froid sur les pistes de la Femund. Les mushers attrapent des gelures sur le dessus des mains, les doigts, le nez, les joues. Mais généralement le froid se relâche au bout de quelques jours ou alors il varie entre les vallées glaciales et les sommets plus chauds. Quoiqu'il en soit, le froid est un élément que nous ne pouvons pas négliger lors d'une course de traîneau.

Le choix du gras

En 2015 à la fois la Yukon Quest et l'Iditarod ont enregistré des records de froid sur de longues périodes. Le froid n'en finissait pas de durer et variait seulement entre froid extrême et froid encore plus extrême. Malgré cela tous les mushers de Norvège engagés sont allés au bout de la course. Nous avons parlé avec Thomas Waerner, Yvonne Dâbakk et Joar Leifseth Ulsom qui ont tous couru l'Iditarod l'an dernier de leur expérience et des défis à relever lorsque l'on court une course dans ces conditions extrêmes pendant si longtemps, spécialement en ce qui concerne le musher lui même.

Tous les 3 sont d'accord pour dire qu'il est très important de manger beaucoup et correctement lorsque l'on est soumis au froid. Leifseth Ulsom explique qu'il ajoute souvent du gras en plus : - La nourriture n'a pas besoin d'être chaude mais les raisins secs et le chocolat ne suffisent pas. Je peux par exemple manger des crêpes avec du beurre et du bacon !

Thomas Waerner insiste sur le fait que cela dépend beaucoup du type de course que l'on court : - Iditarod est une course où tout doit être préparé à l'avance. Il est impossible de savoir quelles seront exactement les conditions alors tout doit être préparé en imaginant les plus extrêmes conditions possibles. En Norvège nous avons des points de dépôt qui peuvent permettre des ajustements en cours de route. Sur Iditarod tu dois avoir tout prévu dès le départ, explique Waerner. Il ne jure que par les matériaux traditionnels pour les vêtements qu'il utilise. - Laine, laine, laine, c'est la seule chose qui vaille. Et du coton à l'extérieur. Les vêtements doivent respirer même s'il fait froid car quand on s'active on se réchauffe, allant même jusqu'à transpirer, même s'il fait très froid, puis on se refroidit. Et nous devons pouvoir adapter le nombre de couches aux conditions. C'est pourquoi je porte 3 couches de laine au plus froid. La parka ne doit pas non plus être étanche. Une veste avec des ouvertures jusqu'en bas fonctionne mieux, pense Waerner.

Jamais de gros problèmes

Ulsom souligne aussi que la laine est importante. Yvonne Dâbakk ajoute qu'il est utile d'avoir des gants fins que l'on portera pour travailler avec les mains, par exemple pour retirer les bottines des chiens, afin d'éviter que la peau nue n'entre en contact avec des éléments pouvant geler. - Pour ma part j'ai eu froid à un pied car l'une de mes Lobben avait un petit trou qui laissait entrer le froid, raconte t-elle

De petites choses peuvent avoir de grandes conséquences dans le grand froid. Mais comme le dit Ulsom, le froid ne l'a jamais empêché de participer à une course : - Je n'ai véritablement jamais eu de vrais gros problèmes, même lorsqu'il a fait très froid.

Le matériel est important dit Waerner. - J'étais heureux d'avoir pris mon sac de tempête Jerven Extrême sur Iditarod bien qu'il ne fasse pas partie du matériel obligatoire. Grâce à lui, un duvet et un matelas de sol j'ai pu dormir sur la piste.

Dehors par une nuit d'hiver avant (l'importance d'avoir de l'expérience en la matière)

Tous les 3 soulignent qu'il est malin de préparer bien son matériel et que tout soit bien en ordre. Puis il faut rester lucide et essayer de ne pas faire des choses stupides, ne pas hésiter à prendre un peu plus de temps pour accomplir les tâches. Par exemple mettre 4 bottines, se réchauffer les doigts puis mettre les 4 suivantes et ainsi de suite. C'est important d'avoir été dehors une nuit d'hiver avant. Les gens ne sont plus les mêmes dans le froid et cela prend beaucoup de temps de faire les choses ou de réparer des erreurs quand il fait très froid. Les gelures arrivent vite, dit Dâbakk. Cela aide de se connaître soi-même et de savoir comment-on réagi au froid avant d'y être confronté en course. Pour Dâbakk il a été très utile de s'entraîner dans le froid et d'avoir vécu au Spitzberg. - On apprend à savoir comment on supporte le froid et comment on y réagi personnellement. Puis on finit par s'y habituer avec le temps, dit-elle.

Ulsom raconte qu'il est souvent en mouvement sur son traîneau. - Les mains gelées je les secouent beaucoup mais quand le corps est chaud, les doigts restent chauds eux aussi.

A la fois Waerner et Ulsom sont bien d'accord pour dire que ce n'est pas le froid extrême par temps calme qui est le pire. Le vent augmente le risque de gelure et dans ces conditions, il faut être extrêmement prudent.

Surveiller les chiens

Les chiens aiment le froid et courent souvent très bien quand il fait froid. Malgré cela il faut les protéger avec de bons manteaux qui couvrent aussi les zones exposées aux gelures : les flancs et les prépuces.

- Quand il fait très froid, on a souvent envie d'en faire le moins possible. Pourtant il est important de contrôler l'état des chiens, aussi sous les manteaux, et plus ou moins essuyer les mâles à la main lorsqu'ils urinent, dit Ulsom.

Waerner ralentit l'allure quand il fait très froid. - J'essaye de conduire à un tempo plus modéré, cela diminue le risque de gelure et il est plus facile de bien surveiller.

Dâbakk souligne que l'alimentation est importante pour les chiens lorsqu'il fait froid. - Même les sibériens ont besoin de bons manteaux quand le thermomètre chute. Il est important que les manteaux puissent être bien ajustés au niveau des parties exposées. Là où il y a beaucoup de poils, les chiens sont bien protégés mais même les chiens poilus ont des zones vulnérables sur les flancs et autour des ouvertures par où ils urinent, dit-elle.

On parle et on écrit beaucoup sur le grand froid, mais tous trois sont d'accord pour dire que ça se passe relativement bien lorsque l'on est préparé, que l'on a le bon matériel et les bons vêtements.

 

Gelures : Les gelures se produisent lorsque des tissus vivants sont exposés à un froid intense. Les tissus vivants sont composés essentiellement d'eau. Si la température dans le tissu descend en dessous de la température de congélation, l'eau dans les cellules peut geler et les tissus sont détruits. C'est tout particulièrement les tissus des vaisseaux sanguins qui sont critiques car l'apport de sang est indispensable à la survie des cellules. Si une personne ressent que ses doigts sont gelés, par exemple sur le traîneau, il faut essayer d'augmenter l'apport de sang vers les doigts., éventuellement se réchauffer en faisant une activité physique musculaire de façon à ce que du sang plus chaud soit envoyé vers les extrémités froides. Comme pour toute autre lésion des tissus, les gelures sont classées par degré. Les gelure légères donnent des dégâts réversibles, cela signifie que le tissus n'est pas endommagé de manière définitive. Souvent les gelures légères concernent la couche de cellules supérieure qui vont de ce fait sécher et peler au bout de quelques jours si le tissus n'est pas exposé à encore plus de froid. De telle gelures se reconnaissent à ce que le tissus devient blanc puis évolue éventuellement vers le rouge et enflé. Les gelures sévères peuvent générer des lésions provoquant la mort des tissus. Les gelures sévères des doigts et des orteils peuvent être si graves qu'elle peuvent conduire dans le pire des cas à l'amputation. Le plus important est de les éviter. Gants et moufles chauds, bons souliers, protection du visage par grand vent, garder le corps au chaud et éviter de transpirer.

Refroidissement : Le refroidissement se produit quand la température corporelle baisse. En cas de refroidissement modéré, on se sent gelé et le corps essaye de se réchauffer, par exemple en tremblant. Il est possible d'augmenter la température corporelle par l'activité physique, sauter de haut en bas, faire des ronds de bras, courir dans les montées. Les refroidissements plus sévères peuvent affecter la conscience éventuellement jusqu'à la perte de connaissance. Le sujet devient apathique et pour finir inconscient. C'est un état très grave. Le refroidissement est accentué dans le vent ou lorsque l'on est mouillé. Par faibles températures il est important d'avoir des vêtements secs. Il est également important d'avoir des vêtements coupe vent et isolants comme la laine ou le duvet avec beaucoup d'air dans les fibres. Bien réchauffer les parties centrales du corps aide aussi pour ne pas avoir froid aux mains et aux pieds.

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R
de bons conseils pour sûr ...<br /> il y a quelques années, ça aurait pu me servir ....<br /> :-))
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C
Merci pour cet article documentaire , bonne préparation pour la saison . Jean-Luc
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